Imagine-toi rentrer dans un café aux couleurs familières de Starbucks… mais il suffit de regarder un peu mieux pour voir que quelque chose cloche. Tu n’es pas à Séoul, ni à Tokyo, mais bien au cœur de Pyongyang, capitale de la Corée du Nord. Et ce que tu regardes n’est pas vraiment un Starbucks, ni même un magasin Ikea. Ce sont de faux magasins, soigneusement mis en scène, juste pour toi — ou plutôt, pour te convaincre.
Des boutiques qui jouent le jeu des apparences
Quand tu te balades dans certains quartiers de Pyongyang, tu pourrais croire avoir été téléporté dans une ville occidentale. Un faux Ikea présenté comme un showroom moderne, ou un café appelé « Mirai Reserve » qui ressemble étrangement à un Starbucks. À y regarder de près, c’est presque troublant.
Au « Mirai Reserve », tu retrouveras :
- Des fauteuils confortables au style américain
- Des tasses à café ornées d’un logo presque identique à celui de Starbucks
- Un décor soigné à l’ambiance typiquement occidentale
Quant à cette imitation d’Ikea, on y trouve :
- Des tables aux lignes épurées
- Des lampes au design scandinave
- Des chaises minimalistes dignes d’un catalogue suédois
Mais pas d’étiquettes suédoises ici. Ces magasins ne sont pas là pour vendre. Ils sont là pour donner une impression de modernité, pour montrer aux rares visiteurs étrangers un visage “cool” et familier de ce pays encore si fermé.
Un tourisme encore ultra-contrôlé
La Corée du Nord ne te laisse pas flâner librement dans ses rues. Chaque voyage reste sous surveillance intense. Depuis la réouverture progressive du pays après cinq années de fermeture, les rares touristes étrangers – majoritairement Chinois et Russes – sont soumis à des règles très strictes.
Tu veux visiter Pyongyang ? Voici à quoi t’attendre :
- Voyages uniquement possibles via des agences autorisées
- Programmes fixes, sans possibilité d’improvisation
- Présence constante de guides officiels
- Surveillance dans les hôtels, les restaurants et même les magasins
Pas question d’errer au hasard ou de poser des questions indiscrètes. Ici, tout est soigneusement préparé pour te montrer ce que le régime veut bien montrer.
Un faux air d’Hawaï sur la mer de l’Est
Et si on te disait qu’il existe un « Waikiki » nord-coréen ? Non, vraiment. À une centaine de kilomètres de Pyongyang, un complexe balnéaire surnommé « Waikiki » te promet sable fin, toboggans amusants et palmiers en plastique. Une station balnéaire improbable, en plein cœur de l’une des régions les plus isolées au monde.
Ce complexe a été inauguré en juin par Kim Jong-un lui-même, et a ouvert ses portes :
- Aux touristes nord-coréens le 1er juillet
- À une petite délégation russe quelques jours plus tard
Les autres touristes étrangers ? Encore interdits d’accès… officiellement de manière “temporaire”. En vrai, c’est difficile à dire. En Corée du Nord, chaque ouverture reste une illusion fragile, suspendue au bon vouloir du régime.
Pourquoi ces faux magasins existent-ils ?
C’est une vraie question. Pourquoi créer des copies de Starbucks ou d’Ikea dans un pays où la majorité des habitants n’a jamais entendu parler de ces marques ?
La réponse tient en un mot : propagande. Le but est simple. Il s’agit de montrer aux visiteurs ce qu’ils veulent voir : des endroits modernes, accueillants, semblables à ceux qu’ils connaissent chez eux. Une façon discrète mais efficace de dire : « Regardez comme nous sommes avancés. Vous voyez ? Nous, aussi, on a des cafés branchés et du mobilier design. »
Mais derrière ces vitrines joliment décorées, rien ne fonctionne vraiment comme un vrai commerce. Ces lieux ne vendent pas beaucoup. Leur rôle est symbolique, pas économique.
Un voyage entre rêve et mirage
Visiter la Corée du Nord, c’est entrer dans un théâtre où chaque détail est calculé. Un faux Starbucks pour se sentir à l’aise. Un pseudo-Ikea pour faire illusion. Un Waikiki-sur-mesure pour rêver d’exotisme sous surveillance.
Ce n’est pas un mensonge, mais une mise en scène. Le pays donne à voir ce qu’il veut que l’on montre. Et parfois, ça passe par des copies étranges, étrangement convaincantes.
Alors si un jour tu te retrouves devant une enseigne familière à Pyongyang, demande-toi : est-ce vraiment ce que je crois ? Ou juste un décor… pensé pour me tromper ?