Et si la surprise touristique du Maghreb venait d’un pays longtemps resté dans l’ombre ? Oubliez quelques instants les ruelles animées de Marrakech ou les plages vibrantes de Djerba. Une nouvelle étoile s’allume doucement à l’ouest du continent africain : l’Algérie, entre désert infini et trésors oubliés, attire de plus en plus les regards.
Une montée en puissance impressionnante depuis 2023
Jusqu’à récemment, l’Algérie ne figurait pas sur les itinéraires classiques des agences de voyage. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : le nombre de visiteurs a plus que doublé en un an, passant de 3,2 millions en 2023 à 6,5 millions à l’été 2025. Une progression qui étonne dans une région largement dominée par le Maroc (15 millions) et la Tunisie (8 millions).
Derrière cette croissance, on trouve des réformes concrètes et ciblées :
- Mise en place d’un visa à l’arrivée pour 57 nationalités (depuis 2023), avec plus de 7 700 délivrances en un an
- Un visa électronique prévu pour 2026, afin de simplifier davantage les démarches
- Développement des lignes aériennes et infrastructures hôtelières
- Promotion active des circuits sahariens encadrés
L’objectif est clair : atteindre 12 millions de visiteurs d’ici 2030 et faire grimper la part du tourisme dans le PIB, qui stagne aujourd’hui à 2 %, contre 7 % pour le Maroc.
Le Sahara comme cœur battant du redéploiement
S’il y a bien un symbole de cette renaissance touristique, c’est le Sahara algérien. Longtemps réservé à quelques aventuriers, il devient aujourd’hui une vitrine unique. Des lieux comme Tamanrasset, Djanet ou Timimoun proposent désormais des circuits encadrés mêlant bivouacs de luxe et découvertes culturelles.
Parmi les joyaux méconnus :
- Le Tassili n’Ajjer, classé à l’UNESCO, célébré par National Geographic et désigné par le Petit Futé comme l’un des 15 lieux incontournables à visiter en 2025
- Les gravures rupestres, les dunes rougeoyantes, et des traditions touarègues fascinantes
Ce désert, encore sauvage, offre une expérience que peu de destinations peuvent égaler : le silence absolu, les couchers de soleil infinis et une hospitalité rare.
Un nord méditerranéen riche et authentique
L’Algérie ne se résume pas à son désert. La côte nord regorge de merveilles encore trop peu connues.
- Alger et sa Casbah classée, aux ruelles tortueuses et balcons andalous
- Les plages sauvages de Tipaza, Jijel ou Béjaïa, loin du tourisme de masse
- Les vestiges romains de Timgad et Djemila, rivalisant avec ceux du sud de l’Italie
On y découvre une mosaïque culturelle, entre Orient et Occident, entre Méditerranée et oasis. Un pays à la croisée des mondes, où l’histoire affleure à chaque pierre.
Des défis à relever, mais une tendance claire
Tout n’est pas encore parfait. Les démarches pour obtenir un visa demeurent plus compliquées et coûteuses qu’au Maroc ou en Tunisie (110 euros). Les tensions diplomatiques, notamment avec la France, freinent certains projets.
Mais l’investissement se poursuit à grande échelle :
- 30 000 nouvelles chambres d’hôtel prévues d’ici 2027
- 40 % des projets financés par des capitaux étrangers
- Construction d’aéroports régionaux et routes dans le Grand Sud
Les autorités misent sur un tourisme « lent et durable », éloigné du modèle de masse. L’objectif est clair : préserver l’authenticité, tout en valorisant les richesses naturelles et humaines.
Une promesse encore discrète, mais pleine de potentiel
Alors que les grandes destinations méditerranéennes s’essoufflent sous le poids du surtourisme, l’Algérie reste une promesse intacte. Elle attire des curieux, des voyageurs en quête d’émotions brutes, de rencontres vraies, d’une nature sans filtres.
Est-ce que l’Algérie deviendra le nouvel eldorado méditerranéen ? Il est peut-être encore trop tôt pour l’affirmer. Mais une chose est sûre : ceux qui y posent les pieds aujourd’hui reviennent transformés, souvent émerveillés.
Et peut-être, dans quelques années, ne dira-t-on plus “encore inconnue”, mais “incontournable”.




