100 millions de touristes. Tu as bien lu. La France vient de franchir un cap historique, et pourtant… pas de crise, pas de pancartes « touristes go home ». Alors que d’autres grandes destinations européennes étouffent sous le poids du tourisme de masse, la France semble garder le sourire. Comment fait-elle ? Est-ce une question de chance, ou bien le fruit d’un plan malin, discret mais diablement efficace ?
Pas de miracle, mais une stratégie bien rodée
Non, ce n’est pas tombé du ciel. Depuis quelques années déjà, la France peaufine sa stratégie touristique. En 2021, un programme ambitieux nommé Destination France voyait le jour. Avec près de 2 milliards d’euros sur la table, l’objectif était clair : faire du tourisme un moteur durable, écolo et plus équitable.
Le but ? Sortir du cliché Paris-Tour Eiffel-Bordeaux et répartir les visiteurs sur tout le territoire. Moins de foule à Versailles, plus d’amoureux de vieilles pierres dans les petits villages. Moins d’embouteillages sur la Promenade des Anglais, plus de voyageurs dans les trains vers la campagne. Bref, diluer sans perdre le charme.
Le train, un véritable allié
Parlons-en, justement. La France, c’est l’un des réseaux ferroviaires les plus denses du monde. Tu peux traverser le pays sans même prendre l’avion. Et en 2023, une loi a interdit les vols intérieurs quand un trajet en train de moins de 2 h 30 est possible. Résultat ? Moins de CO2, plus de paysages à admirer par la fenêtre.
Et ça pousse aussi les touristes à explorer autrement. Pourquoi se presser à Paris quand un TGV t’emmène en 2 heures à Lyon, à Annecy, ou même sur la côte Atlantique ? Cette logique simple, presque évidente, c’est ce qui permet d’éviter les bouchons humains autour des grands monuments.
Des trésors partout… et pour tous les goûts
Si la France parvient à éviter le ras-le-bol touristique, c’est aussi grâce à sa richesse. Ici, pas besoin de tout miser sur un seul site. Tu en veux pour ton argent ? Tu as les Alpes pour le ski, la Bretagne pour les crêpes et l’air iodé, la Provence pour la lavande, le Sud-Ouest pour le foie gras… Tu peux littéralement passer cinq vacances différentes sans sortir du pays.
En 2024, aucune région n’a monopolisé plus de 20 % des visiteurs étrangers. C’est un chiffre impressionnant. En comparaison, certaines villes côtières ailleurs en Europe doivent gérer des foules qui dépassent largement leur capacité. Ici, on joue la carte de la variété. Et ça marche.
Des règles pour éviter la saturation
Mais attention, tout ça ne serait rien sans un minimum de règles bien pensées. C’est là qu’intervient la loi Le Meur, adoptée en 2024. Elle permet aux municipalités de limiter les locations Airbnb à 90 ou 120 jours par an. Pourquoi ? Pour éviter que les centres-villes se vident de leurs habitants. Pour que les jeunes puissent encore se loger. Et surtout, pour que la vie locale ne disparaisse pas derrière les valises à roulettes.
Ces mesures peuvent sembler strictes, mais elles protègent l’ambiance et l’équilibre. Parce qu’un voyage, c’est aussi une rencontre avec ceux qui vivent sur place. Et qui veut d’un centre-ville fantôme transformé en galerie d’hôtels déguisés ?
Un accueil sincère, pas forcé
Certains aiment râler. C’est un cliché qu’on aime entretenir. Mais au fond, la France reste accueillante. Il y a ici une vraie culture de l’échange. Une curiosité mutuelle. Et surtout, des efforts constants pour que tout fonctionne : infrastructures solides, événements animés, communication claire avec les voyageurs…
Même à Paris, où l’on pourrait croire que tout déborde, les flux sont gérés avec finesse. Festivals, expos, marchés… tout s’organise pour éviter l’effet “trop, d’un coup”. C’est pas toujours parfait, mais ça tient. Et ça, c’est remarquable.
Une danse bien orchestrée
Alors non, la France n’a pas éradiqué le surtourisme. Elle ne l’ignore pas non plus. Elle l’anticipe. Elle le canalise. Elle transforme ce qui pourrait ressembler à une invasion touristique en une sorte de chorégraphie bien huilée.
C’est ça, le vrai secret. Avoir préparé la table avant que les invités n’arrivent. Avoir pensé à tous les détails, sans en faire trop. Et surtout, avoir gardé l’essentiel : la beauté, la diversité, l’hospitalité.
Résultat ? 100 millions de visiteurs. Mais pas une foule de problèmes. Juste un modèle qui inspire… et qui donne envie de revenir.