Vous avez eu un choc en consultant votre dernier reçu de péage sur l’A28 ? Vous n’êtes pas seul. En l’espace de cinq ans, le prix a augmenté de plus de 30 % sur cette autoroute qui traverse la Normandie. Un trajet entre Rouen et Alençon coûte désormais presque 34 €. Et le plus troublant, c’est que cette envolée n’est pas terminée.
Des hausses bien au-dessus de la moyenne nationale
L’autoroute A28, qui s’étend d’Abbeville à Tours, affiche l’une des plus fortes progressions tarifaires de France. Depuis 2020, les prix des péages y augmentent plus vite que sur le reste du réseau.
Pour vous donner une idée :
- +4,75 % en 2023
- +3 % en 2024
- +4,6 % en 2025, soit une facture portée à 33,80 € pour un trajet entre Rouen et Alençon
À titre de comparaison, la hausse moyenne au niveau national était de seulement 0,92 % en 2025. Ce décalage alimente la frustration des automobilistes, notamment des vacanciers qui cherchent à rallier la côte atlantique sans passer par la région parisienne.
Un tarif qui fait mal au portefeuille
Le coût au kilomètre sur la portion gérée par ALIS avoisine désormais 27 centimes, soit plus d’1 euro tous les 4 kilomètres. Pour beaucoup, cela représente une charge non négligeable, surtout lorsqu’on effectue régulièrement ce trajet.
Avant 2023, faire un aller-retour sur ce tronçon coûtait un peu moins de 26 €. Aujourd’hui, on dépasse les 67 € pour l’aller-retour complet. Un exemple frappant de la tension croissante entre le maintien du réseau et le pouvoir d’achat des usagers.
Les transporteurs tirent la sonnette d’alarme
Pour les sociétés de transport routier, cette inflation tarifaire a un impact direct sur leurs marges. Certaines préfèrent désormais contourner l’A28 pour éviter de payer un péage devenu trop lourd à supporter.
Conséquence : les conducteurs doivent emprunter des itinéraires alternatifs, comme les nationales N154 ou N12, même si cela implique un détour de 40 minutes. Une décision stratégique, dictée par la rentabilité, mais qui ajoute du stress et du temps de conduite pour les chauffeurs.
Les vacanciers pris entre confort et économie
Pour les particuliers aussi, chaque euro compte. Prendre l’autoroute pour rejoindre la mer, c’est souvent privilégier la rapidité. Mais à près de 34 € le trajet, certains n’hésitent plus à chercher des itinéraires gratuits, malgré la complexité logistique que cela implique.
Un témoignage revient souvent chez les usagers : « C’est beaucoup trop pour une portion qu’on utilise trois heures, juste pour éviter Paris ». Ce sentiment d’injustice alimente les discussions sur l’équité du système de concession en vigueur.
Un modèle de concession remis en question
Derrière cette flambée des prix, se cache un système de gestion spécifique. L’A28 est exploitée par la société ALIS, dans le cadre d’un contrat de concession. L’entreprise justifie ces augmentations par la nécessité de financer la maintenance et la modernisation du réseau.
Mais face à des hausses aussi marquées, certains experts appellent à une réforme. Est-il acceptable que la rentabilité des exploitants se fasse au détriment direct des automobilistes ? Le sujet intéresse aussi les autorités, qui commencent à s’interroger sur les mécanismes de fixation des tarifs.
D’autant que ces hausses pourraient affecter l’accessibilité globale du réseau autoroutier, en le réservant de plus en plus à une population capable de débourser plusieurs dizaines d’euros pour un trajet simple.
Des solutions, mais pas sans contraintes
Alors, que faire ? Pour de nombreux usagers, l’option alternative est claire : éviter l’autoroute et prendre les routes secondaires. C’est une solution gratuite, mais qui demande plus de temps et de patience, surtout pendant les départs en vacances ou les heures de pointe.
Le choix entre confort et économie devient un dilemme constant pour tous ceux qui dépendent de cette portion d’autoroute. Et tant qu’aucune mesure de régulation forte n’est mise en œuvre, cette tendance risque de se poursuivre.
Conclusion : entre indignation et résignation
L’augmentation de plus de 30 % en cinq ans du péage de l’A28 ne laisse personne indifférent. Elle révèle un déséquilibre de plus en plus visible entre les coûts facturés aux automobilistes et la gestion des concessions. Dans ce contexte, plusieurs choix s’imposent : payer davantage, changer d’itinéraire, ou exiger plus de transparence et de régulation.
Mais pour l’instant, si vous empruntez l’A28, préparez-vous à faire chauffer votre carte bancaire. Et peut-être à revoir vos itinéraires…