Les grandes vacances à l’étranger sont-elles sur le point de devenir un souvenir du passé ? De nombreux signes laissent penser que notre manière de voyager pourrait changer radicalement dans les années à venir. Face au réchauffement climatique, certaines destinations de rêve perdent peu à peu de leur éclat. Et pour beaucoup de Français, l’insécurité climatique devient un véritable frein au tourisme international.
Climat : les nouvelles menaces qui pèsent sur le tourisme
Le changement climatique impacte déjà lourdement plusieurs zones touristiques majeures. Chaleurs extrêmes, feux de forêt, sécheresses… Ces phénomènes environnementaux rendent certaines régions de moins en moins accueillantes.
Voici quelques exemples concrets :
- Les stations de ski alpines manquent de neige à cause de la hausse des températures.
- Les plages méditerranéennes perdent du terrain avec l’érosion côtière.
- Les hôtels espagnols doivent acheminer de l’eau douce en pleine sécheresse pour remplir leurs piscines.
- Les îles grecques, comme Kos, Rhodes et Mykonos, subissent régulièrement des incendies dévastateurs.
Tout cela freine fortement l’envie de voyager dans ces régions, à la fois pour des raisons de sécurité et de confort. Ce qui était autrefois une parenthèse de détente devient parfois une source d’inquiétude.
Un modèle en crise : l’avènement d’une ère sans tourisme ?
Selon le chercheur suédois Stefan Gössling, spécialiste du tourisme durable, notre monde entre progressivement dans une “ère du non-tourisme”. Une période où les voyages internationaux ne seront plus la norme mais l’exception.
Il explique que dans 80 ans, il est fort probable que le tourisme ne ressemble plus du tout à ce que nous connaissons aujourd’hui, notamment à cause :
- des contraintes environnementales de plus en plus nombreuses,
- de la baisse d’attractivité de certaines destinations,
- et de la hausse probable du coût des transports liés aux politiques de réduction du carbone.
À cela s’ajoute une autre réalité : le secteur du tourisme, tel qu’il existe, est également une source de pollution importante.
Des chiffres impressionnants sur l’empreinte écologique du tourisme
Le tourisme est responsable, selon Stefan Gössling, de 8,8 % des émissions mondiales à l’origine du réchauffement climatique. Et plus frappant encore :
- Seul 1 % de la population mondiale est responsable de la moitié des émissions dues au trafic aérien.
- Réduire la fréquence des vols de ce petit groupe pourrait faire chuter les émissions de l’aviation de 25 %.
Autrement dit, des changements ciblés pourraient avoir un impact considérable. Mais cela suppose de remettre en question des habitudes bien installées.
Les futures restrictions… et leurs conséquences évidentes
Plusieurs experts s’accordent sur une chose : nous irons vers des restrictions accrues concernant les émissions de carbone. Cela aura un effet direct sur nos déplacements :
- Billets d’avion plus chers en raison de taxes ou quotas climatiques,
- Accès limité à certaines zones particulièrement fragiles,
- Et peut-être même, un jour, l’interdiction de certains trajets trop polluants.
Pour les professionnels du voyage, il s’agit d’un énorme défi commercial. Mais c’est aussi une opportunité pour repenser un tourisme plus local, plus lent et plus respectueux de l’environnement.
Influenceurs, générations mobiles et remises en question
Les longues périodes à l’étranger, les années sabbatiques et les séjours nomades séduisent particulièrement la génération Z. Les influenceurs, qui diffusent une image glamour du voyage permanent, participent aussi à cette tendance.
Mais peut-on vraiment continuer à valoriser ces modes de vie alors qu’ils contribuent fortement à la pollution ? Stefan Gössling pense que chacun a sa part de responsabilité. Ce ne sont pas seulement les riches voyageurs fréquents qu’il faut interpeller, mais aussi les citoyens « ordinaires ».
Quel avenir pour les vacances à l’étranger ?
Il ne s’agit pas de dire que les voyages internationaux vont disparaître du jour au lendemain. Mais de plus en plus de signaux montrent que cette forme de loisir ne sera bientôt plus aussi accessible ni aussi valorisée qu’aujourd’hui.
Les Français devront sans doute s’adapter :
- en privilégiant des destinations locales ou européennes accessibles en train,
- en optant pour des séjours plus courts mais plus fréquents,
- et en cherchant des expériences plus durables et responsables.
Ce changement peut paraître contraignant, mais il cache peut-être une nouvelle manière de voyager—plus authentique, moins pressée, et surtout, plus respectueuse de la planète.
Une chose est sûre : si nous ne repensons pas notre façon de voyager dès maintenant, ce sont les vacances elles-mêmes qui pourraient bien disparaître telles que nous les connaissons.
