Entre plages paradisiaques et hordes de touristes, l’île grecque de Zante est en train de perdre son âme. Son décor de carte postale attire désormais un flot ininterrompu de voyageurs. Résultat ? Un site saturé, des habitants épuisés et un tourisme à la dérive. Plongée dans l’envers du décor d’un paradis devenu victime de son succès.
Une petite île submergée par 6 millions de visiteurs
Zante, aussi appelée Zakynthos, est nichée au cœur de la mer Ionienne. Réputée pour ses eaux turquoise et ses falaises blanches, cette perle grecque attire chaque été les foules en quête d’évasion. Mais derrière cette image de rêve, se cache une réalité bien moins idyllique.
Avec 6 millions de touristes pour seulement 40 000 habitants, le rapport est tout simplement démesuré. Cela revient à dire que chaque habitant “accueille” en moyenne 150 000 visiteurs par an. Une pression énorme sur les ressources locales et le quotidien des insulaires.
L’île est devenue un exemple frappant de surtourisme, un phénomène où les capacités d’accueil sont largement dépassées. L’association de défense des consommateurs Which? l’a d’ailleurs désignée comme « capitale européenne du surtourisme ». Un triste record qui ne passe plus inaperçu.
Les conséquences visibles d’un tourisme incontrôlé
L’enfer commence là où les vacanciers rêvaient de paradis. Chaque été, Zante se transforme en camping géant. La fameuse plage du Navagio, connue pour son épave échouée et ses eaux étincelantes, est désormais bondée dès le matin. Difficile d’y poser sa serviette dans le calme, entre les selfies en masse et les transats collés les uns aux autres.
Pour les habitants, c’est un autre combat. Les prix explosent, les restaurants imposent parfois des suppléments aux touristes, trouver une place pour se garer devient un casse-tête, et une simple bouteille d’eau coûte souvent deux fois plus en haute saison.
Pire encore, la saturation ne montre aucun signe d’essoufflement. Selon les dernières données de l’office du tourisme grec, le nombre de visiteurs a encore augmenté de 7,3 % par rapport à l’année précédente. Un rythme qui inquiète à la fois les locaux et les défenseurs d’un tourisme durable.
Limiter le surtourisme : des solutions, mais pas encore suffisantes
Face à cette crise, les autorités tentent de réagir. On parle de quotas de visiteurs, de plages à accès limité ou de zones protégées. Mais la tâche est délicate : comment préserver l’île tout en continuant à attirer les touristes qui font vivre l’économie locale ?
L’équilibre est fragile. Trop de restrictions pourraient faire fuir les vacanciers. Pas assez, et l’environnement continue à se détériorer. Pour préserver ses paysages et sa culture, Zante a besoin d’un vrai plan de gestion du tourisme qui tienne compte à la fois des besoins des habitants et des visiteurs.
Comment visiter Zante autrement (et mieux)
Bonne nouvelle : visiter Zante en évitant les foules, c’est encore possible. Il suffit de changer un peu sa manière de voyager. Par exemple :
- Fuyez les plages les plus connues comme Navagio lors des heures de pointe. Préférez les criques reculées ou les plages sauvages.
- Visitez l’intérieur de l’île : villages traditionnels, monastères cachés et paysages montagneux offrent un tout autre visage de Zante.
- Voyagez hors saison, au printemps ou en septembre, lorsque les températures restent agréables mais les touristes moins nombreux.
- Soutenez l’économie locale en séjournant chez l’habitant ou en dînant dans les tavernes de quartier plutôt que dans les grands complexes touristiques.
Ce type de tourisme plus responsable et modéré permet de profiter de l’île sans en subir les excès… ni en rajouter soi-même.
D’autres destinations à découvrir, loin de la foule
Zante n’est pas seule à offrir beauté naturelle et climat doux. Si vous rêvez d’évasion sans l’affluence, voici quelques idées d’alternatives :
- Murcie, en Espagne : plages calmes, ambiance authentique et prix abordables.
- Les côtes de l’Estonie : idéales en été, avec des paysages marins préservés et peu de touristes.
- Les îles moins connues de Grèce comme Amorgos ou Tinos, bien plus tranquilles.
Ces destinations permettent de renouer avec un voyage plus intime, plus vrai. Et surtout, elles offrent ce que beaucoup cherchent encore à Zante : une vraie bouffée d’air.
Faut-il dire adieu à Zante ? Pas encore…
Zante reste une île magnifique, mais elle doit apprendre à cohabiter avec son succès. Le surtourisme n’est pas une fatalité si chacun — autorités comme voyageurs — change un peu ses habitudes.
Alors que faire ? Choisir une date plus calme. Explorer l’île au-delà de ses spots Instagram. Dormir chez l’habitant, prendre le temps, respecter les lieux. En d’autres mots : voyager mieux.
Parce qu’un vrai paradis, c’est aussi un endroit où l’on peut respirer. Sans faire la queue pour un transat. Et où les habitants gardent le sourire quand ils vous accueillent.