L’Algérie, vaste, envoûtante, riche en histoire et en nature. Pourtant, elle reste à l’écart des radars touristiques. Pourquoi ce pays aux mille visages accueille-t-il si peu de visiteurs, alors qu’il a tout pour séduire ? Et surtout, pourquoi cela pourrait bientôt changer ?
Un potentiel touristique stupéfiant mais sous-exploité
L’Algérie dispose de 1 200 km de côtes méditerranéennes, de
Mais le tourisme n’a jamais été une priorité. L’Algérie, riche en ressources naturelles comme le gaz et le pétrole, a longtemps laissé cette manne reléguer les ambitions touristiques au second plan.
Un retard certain face à ses voisins
En 2023, seulement 3 millions de visiteurs se sont rendus en Algérie. La majorité faisait partie de la diaspora. En comparaison, le Maroc et la Tunisie dépassent chacun les 15 millions de touristes par an.
Les infrastructures touristiques sont encore limitées, qu’il s’agisse d’hôtels, de transports ou d’activités encadrées. Le service, la formation, la qualité globale restent en retrait. Sans compter la lourdeur administrative, notamment autour de l’obtention d’un visa.
Un frein principal : les démarches de visa
Pour les Français, obtenir un visa peut relever du parcours du combattant. Le processus, encore très contraignant, inclut :
- Un formulaire de demande rempli en double, à télécharger sur le site de l’ambassade
- Un passeport valide 6 mois, plus une copie de la page d’identité
- Deux photos d’identité
- Une assurance voyage avec assistance rapatriement
- Une preuve de réservation d’hôtel ou un certificat d’hébergement légalisé
- Un justificatif de ressources
Le tarif est de 110 € pour un visa touristique de moins de 90 jours, et 130 € pour un séjour plus long. Le délai de traitement varie de 2 à 10 jours ouvrés.
Problème majeur : le taux de refus des demandes atteint 30 %, l’un des plus élevés au monde. De quoi décourager plus d’un curieux.
Des signes de changement encourageants
Malgré ce tableau contrasté, l’horizon s’éclaircit. En 2024, 3,5 millions de touristes étrangers ont visité l’Algérie, soit une hausse de 10 % par rapport à 2023. L’accélération se poursuit : 6,5 millions de voyageurs recensés durant l’été 2025. Un record.
Le déclic ? Une série de réformes stratégiques :
- Introduction du visa à l’arrivée en janvier 2023, valable 30 jours pour 110 €
- Ouvert uniquement aux touristes voyageant via l’une des 175 agences de voyage agréées
- Plus de 7 700 autorisations d’embarquement délivrées en 2023
- Création de nouvelles lignes aériennes
- Volonté politique forte avec un objectif annoncé de 12 millions de visiteurs d’ici 2030
Un regard nouveau venu d’Europe
L’Europe commence à se pencher sur le marché touristique algérien. L’Italie ouvre la voie avec pragmatisme : l’Algérie a participé en 2025 au salon du tourisme de Rimini, le plus important en Italie. De plus, 165 000 visas de travail sont prévus dès 2026 pour combler la pénurie de main-d’œuvre en Italie, favorisant ainsi les échanges humains et touristiques.
À l’inverse, la France reste embourbée dans des tensions diplomatiques. Les demandes de visa piétinent. Les créneaux de rendez-vous sont saturés, et 2025 a vu la fin de l’accord concernant les passeports diplomatiques.
Un patrimoine enfin mis en lumière
Des médias et experts du voyage commencent à braquer leurs projecteurs sur l’Algérie :
- Le Sahara algérien figure dans le top 15 du guide Petit Futé pour 2025
- Alger est recommandée par le journaliste britannique Simon Calder comme destination à voir avant l’arrivée du tourisme de masse
- Tassili n’Ajjer et ses peintures rupestres sont mis à l’honneur dans National Geographic
- Timgad et Djemila, sites romains exceptionnels, n’ont rien à envier à ceux d’Italie
Des efforts concrets vers un tourisme plus structuré
Pour rendre ses sites plus accessibles et attractifs, l’Algérie mise sur plusieurs chantiers d’envergure :
- Lancement prévu d’un visa électronique en 2026
- Création de 30 000 chambres d’hôtel supplémentaires, avec 40 % d’investissement étranger
- Formation de personnel touristique qualifié en cours
- Meilleure structuration du secteur dans le Sud algérien
Actuellement, le tourisme ne pèse que 2 % du PIB algérien, face à 7 % au Maroc et en Tunisie. La marge de progression est immense. Encore faut-il transformer l’essai.
Conclusion : une renaissance à suivre de près
Longtemps oubliée, mal comprise ou inaccessible, l’Algérie est en train d’opérer une métamorphose touristique. Davantage de souplesse, une meilleure visibilité, et une volonté politique claire redessinent l’avenir d’un pays qui n’a jamais manqué de ressources pour séduire les voyageurs.
Oui, aujourd’hui encore, s’y rendre demande un peu de patience et de détermination. Mais demain ? L’Algérie pourrait bien être la grande surprise du bassin méditerranéen.




